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Témoignages

2009-2013 - De Boutavent-la-Grange (60) à Saint Jacques de Compostelle
Un périple aller-retour de près de 4500km à pieds
« Se découvrir soi-même »
 
Jacquet depuis douze ans, Gilles, vient de rentrer en juin dernier d'un aller-retour de chez lui à Compostelle. Chaque jour la rencontre d'autres pèlerins vivant la même aventure et la découverte de multiples et superbes paysages ponctuèrent ces 220 jours et un peu moins de 5000 km de marche, quatre années durant. Il avait préalablement parcouru, comme la plupart des pèlerins français, les 1600km de la Via Podiensis puis du Camino Francés.

Mais qu'allait-il donc bien faire dans cette galère ? Pluie, vent, moustiques, soleil brûlant, ampoules et tendinites... Démarche de Foi ? Rencontre des autres ? Plaisir de la marche ? Fuite de la réalité ? Ou plus simplement démarche d’aventure, de développement de soi-même, de prise de conscience de sa propre réalité et responsabilité au milieu de ses semblables. Il nous en dit un peu plus...
 
De 2002 à 2013
« Depuis une douzaine d’années, j'emprunte comme des milliers d’Européens et de pèlerins de toutes nations, ce chemin de pèlerinage légendaire et mythique qu'est le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. ». « Parti une première fois, et comme beaucoup, pendant les périodes disponibles de congés annuels, je parcourais en groupe, puis en compagnie de l’une de mes filles puis seul les 1600km de la Via Podiensis reliant Le Puy en Velay à Saint Jean Pied de Port puis « Le Camino Francés » de Saint Jean Pied de Port à Saint Jacques de Compostelle. Un périple aux allures d’épreuve tantôt aisée tantôt difficile qui dure environ 80 jours. »

« Ayant mis fin à mes activités professionnelles en 2008 je décidais de recommencer l'aventure l'année suivante. Seul d’un bout à l’autre cette fois. Je partais de Moissac dans le Tarn et Garonne, ville où depuis 2006, je suis chaque année « hospitalier bénévole ». Ce périple de1200 km effectué, j'ai pensé que de rejoindre mon domicile me serait encore d'avantage profitable. Ce que je réalisais en 2011 en partant par le chemin des Miquelots vers Le Mont Saint Michel et de là vers Moissac, point de jonction de mon périple précédent. Ayant rejoint à pieds mon domicile à Saint Jacques je ne souhaitais pas m'arrêter ainsi et entrepris les deux années suivantes de faire le chemin du retour. Je me remémore de temps à autre tous ces gîtes, tous ces pèlerins et hospitaliers rencontrés, dont certains sont devenus de fidèles amis. Que de richesses amassées, de celles qui durent. »

Pratique
« Pour moi, la marche solitaire est plus riche que la marche en groupe. Vous marchez à votre rythme et vous êtes disponible à échanger. Grâce à la marche au long cours on apprend beaucoup de soi-même, après s’être débarrassé de ses pensées parasites, on apprend à lâcher-prise des tracas habituels, on est d'avantage ouvert à l’échange avec ceux que l’on rencontre. On prend le temps de contempler la nature généreuse et ses mélodies de formes et de couleurs.
Les premiers huit jours sont les plus difficiles, il est nécessaire de dérouiller un peu la machine, encrassée durant l’hiver. Il faut aussi savoir se poser, s’arrêter à temps, avant la crampe, boire suffisamment d’eau pour éviter la tendinite. 
Comme chacun je suis passé par tous ces petits tracas que j’ai petit à petit appris à apprivoiser. » « Il y a le gîte du soir à trouver. Quelques gîtes ont des heures fixes d'ouvertures, d'autres non. Puis il y a la nourriture à approvisionner, les repas à préparer. Le bon sens nous fait marcher quand c’est possible au soleil montant. Après 14h il fait trop chaud et l'énergie diminue. »

« On apprend aussi à s’alléger. Ne prendre que le nécessaire. Faire la chasse au superflu Je sais que c’est difficile de se limiter au strict minimum, car naturellement on a toujours peur de manquer. Avec le poids excessif on avance moins vite, mais pour chacun c’est une expérience à vivre. Apprendre à lâcher le superflu. Puis ensuite dans la vie comme dans le sac.»
 
« Si vous partez de Saint-Jean Pied de Port, au pieds des Pyrénées, vous débutez par une longue montée de 1300m de dénivelé, pour un premier jour c’est une épreuve qui fait abandonner certains, tandis que si vous marchez déjà depuis quelques jours, la traversée des Pyrénées vous semblera plus aisée. »
 
« Une certaine "tradition" voudrait que le pèlerin parte de chez lui, et fasse le retour à son domicile. Beaucoup de marcheurs de St Jacques débutent soit du Puy-en-Velay, un des lieux de départ très prisé ou d’un autre des lieux de départ connus (Tour, Vézelay, Arles) ou de Saint-Jean-Pied-de-Port pour ceux qui ne feront que la partie espagnole. En fait chaque pèlerin effectue le chemin à son rythme personnel et nul ne peut dire à la place d'un autre ce qui est bon ou mauvais pour lui. Chacun le découvre seul au fur et à mesure de son avancée et l’ayant expérimenté ne pourra plus jamais oublier. »

Devenir Hospitalier à son tour...
« Après avoir parcouru une première fois ce chemin je me suis engagé tout naturellement comme hospitalier bénévole dans un centre d’accueil pour pèlerins. J’ai choisi Moissac qui se situe à mi-chemin entre ma maison et Saint Jacques de Compostelle, et qui m’avais particulièrement marqué. C'est une façon simple de rendre un peu de l’accueil que l’on a reçu tant et tant de fois tout au long du chemin et de vivre autrement la rencontre et le partage avec ceux qui à leur tour se lancent dans l’aventure. »

Et la démarche de Foi là-dedans ?
« Je dois dire que mes deux premières années 2002-2003, réalisées en groupe, s’il fut facile à suivre parce qu’organisé par les plus aguerris, fut de ce fait plus une formidable promenade entre amis qu’une véritable démarche pèlerine.
Mais les années suivantes, avec les milliers de kilomètres parcourus, l’on se change un peu chaque jour, insensiblement mais assurément, on ne s’en rend pas vraiment compte, mais ce sont d’autres qui vous le disent. Sa petite vision « pèpère » du monde évolue, l’on se sent à part entière cellule d’un seul corps... Les autres vous
apparaissent comme d’autres cellules dont vous êtes à la fois responsables et dépendants. À la vue des magnifiques paysages traversés, les départs du matin deviennent chaque jour louanges malgré soi, comme émanant de notre parcelle divine intérieure. L’on peut alors s’abandonner au Divin, le laisser agir en nous. »
 
Et après
« Quand on a commencé de cheminer la route n’est jamais finie. 2014 sera un extra. Je pars faire le chemin des sanctuaires, chez « nos cousins » du Québec. Dénommé par d’anciens pèlerins de Compostelle leurs fondateurs : Le petit chemin de Compostelle. » Il relie l’Oratoire Saint Joseph du Mont Royal (Montréal) à Sainte Anne de Beaupré (près de Québec), passant tout le long du fleuve Saint Laurent, dont la Basilique Notre Dame du Cap de la Madeleine à Trois Rivières. Des amis québécois rencontrés en Espagne en 2008 m’y accompagneront. »